A l’unisson l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le Premier ministre britannique et une large cohorte de dirigeants de par le monde lancent des cris d’alarme face à la fulgurance de la diffusion du variant omicron. Avec une transmissibilité très élevée, il se répand comme une trainée de poudre. Cette souche du virus est fréquemment comparée à un tsunami qui déferle sur la planète. Elle devrait atteindre son paroxysme dès le début de l’année prochaine. En dépit de ces mauvaises nouvelles, il y en a cependant de bonnes qui nous donnent l’espoir d’une prochaine sortie de crise.
Mesures restrictives
Face à la contagiosité de ce virus, des mesures plus ou moins coercitives sont décidées en toute hâte. Restriction à l’entrée des visiteurs (test, quarantaine), congés scolaires anticipés, fermeture avancée des bars et restaurants, jauge et filtrage pour les rassemblements festifs, annulation de grands évènements. La liste est déjà longue. Sans surprise, une fois les fêtes de fin d’année passées, face à la montée inexorable de ce nouveau variant, de nouvelles mesures toujours plus contraignantes seront déployées.
L’Europe marchera-t-elle à l’unisson ? Ou plutôt, comme pourraient le laisser penser certaines récentes restrictions prises isolément par des états membres, elle avancera en ordre dispersé. Cela ne manquerait pas de nous rappeler les pires heures du début de la pandémie. Tout dépendra de la sévérité de ce nouveau variant du SARS-CoV-2. Il est clairement plus contagieux que le déjà virulent delta. Il reste à savoir s’il est de nature plus maligne ou plus bénigne que ce dernier ? Les premières indications peuvent rassurer. Elles s’appuient cependant sur des données en provenance d’Afrique du Sud dont la population est nettement plus jeune que celle de l’Europe.
Sixième vague
La France doit donc se préparer, mais sans crainte excessive, à une sixième vague. Le fort taux de vaccination de sa population, l’amorce du ralentissement de la croissance de la cinquième vague (variant delta), la gravité potentiellement moindre du variant omicron, laissent à penser que notre structure hospitalière tiendra le choc.
Une course contre la montre est engagée pour élargir la vaccination aux plus jeunes et administrer massivement une dose de rappel. Les médecins disposent désormais de traitements efficaces[1] pour atténuer les risques d’hospitalisation et de mortalité pour les formes les plus graves. Dès lors, la pression sur les hôpitaux sera très sévère. La situation sera difficile et chaotique, mais les digues devraient résister aux assauts de cette nouvelle vague.
Stratégie vaccinale
Tout miser sur la vaccination. Tel est le pari économique et politique pris par le pouvoir exécutif de notre pays. Le gouvernement se trouve dès lors sur une ligne de crête. De nouveaux tours de vis, oui, mais tout faire pour éviter un nouveau confinement. Le vaccin a été présenté comme l’arme de sortie de crise et le taux de vaccination de notre pays se situe à un niveau très élevé. Il est nettement plus important que ce qui était attendu initialement. L’adhésion a été massive. Dès lors, nos dirigeants feignent de ne pas entendre les cassandres qui pensent que la vaccination seule ne suffira pas pour endiguer le variant omicron. Recourir au couvre-feu et au confinement serait un grave aveu d’échec pour le Président de la République. Cela serait un pari risqué en période électorale.
Les vaccins à ARM messager se montrent efficace pour éviter un très grand nombre de formes les plus graves. Un avantage très important mis en avant pour ce type de vaccins réside dans sa capacité à être reformulé. Il peut ainsi s’adapter à de nouveaux variants. Ne minimisons cependant pas la durée nécessaire pour produire et administrer une dose « nouvelle formule ». Cela devrait prendre de six mois à un an pour toucher un très large public. Mais comment restreindre drastiquement les libertés quand la vaccination a été présentée comme la planche de salut ? Quel serait le degré d’acceptation par la très grande majorité des vaccinés de mesures contraignantes ? Alors que de telles mesures seraient suscitéss par une minorité de réfractaires à la vaccination ?
Liberté conditionnelle
Le monde médical se félicite, et nos politiques le répètent à l’envi, d’être aujourd’hui et fort heureusement dans une situation bien différente de celle de la fin de l’année 2020. Sans les vaccins, le variant delta et plus encore le variant omicron se seraient traduits par de nouveaux épisodes stricts de confinements. Aussi, restreindre fortement la liberté des antivax n’est en aucun cas une mesure liberticide à l’échelle du pays.
Au nom de l’intérêt collectif, exiger un pass vaccinal complet (ce qui de fait et à mots couverts est en cours de généralisation) en refusant le simple pass sanitaire (qui permet de recourir à des tests en lieu et place d’un vaccin) devrait s’imposer comme une mesure de salut public.
Le retour à la « normale » passera par l’acceptation que la covid est une maladie endémique, au même type que la grippe hivernale. Dès lors, une vaccination annuelle (possiblement deux) deviendra nécessaire. Contrairement au vaccin de la grippe, son inoculation pourrait être rendue obligatoire.
Navigation à vue
A ce stade, il nous faut accepter que la navigation à vue reste de mise au cours des prochains mois. Le « stop and go » des mesures plus ou moins coercitives demeurera la norme. La grande crainte des responsables politiques et sanitaires est de voir une lame déferler au plus fort de la tempête. En d’autres mots, une violente flambée du virus omicron, alors même que le système hospitalier peine à absorber les malades contaminés par le variant delta. Il n’est pas même clair de savoir si le delta a déjà atteint son acmé.
Face à ces incertitudes, il est bien difficile de planifier de grands évènements, des voyages lointains avant l’été prochain. Le virus reste imprévisible et nous demeurerons confrontés à de fortes résurgences. Sa gravité devrait cependant se réduire au fil du temps. Notamment grâce aux barrages érigés pour le combattre et aux avancées scientifiques.
Sortie de crise
L’été 2022, après plus de deux années éprouvantes, devrait se traduire par la levée des entraves les plus significatives à nos libertés individuelles et collectives. Certains esprits chagrins observeront que le retour à la normale était déjà attendu avant la fin de l’année 2021. Plus que jamais, il peut sembler prudent de prendre les précautions d’usages. Toutes choses égales par ailleurs, en l’état actuel des connaissances, tablons sur une sortie de crise sanitaire à l’été 2022.
Le virus nous a appris que les mutations sont dans l’ordre des choses. Et qu’il est très difficile d’anticiper ses variations. A contrario, le niveau de connaissances progresse très vite. Alors en cette période de vœux, formons l’espoir que le virus ne conserve plus pour longtemps son tour d’avance. Pour cela, il faudrait aussi un support massif des pays les plus riches pour permettre aux pays moins favorisés de vacciner leurs populations.
Marc SEVESTRE
[1] Anticorps monoclonaux et polyclonaux, Dexaméthasone, Molnupiravir, Paxlovid.